mercredi 29 juillet 2015

Au bout du doigt tendu, je me suis pendue.

Photo: Berta Silvia

Alors il m'a emmenée, petite, dans les nébuleuses d'huile de ses rouages. Son doigt pointait droit devant. On dit ça aux enfants, que c'est malpoli de montrer du doigt. Lui ne fonctionnait que comme ça.
Il fustigeait le monde de sa phalange accusatrice et balayait d'un geste désinvolte ses propres erreurs, ses jugements hâtifs, ses clichés, ses meurtres occasionnels et ses suicides permanents. Il marchait les pieds ancrés, enfoncés, foulant la bourbe infâme des marais qui lui grimpait jusqu'aux genoux afin que la misère humaine, celle dont il riait, ne puisse voir l'usure et le pauvre de ses semelles.

J'ai beaucoup appris auprès de l'idole. J'ai vu à travers ses yeux. J'ai parlé son langage. Si Dieu s'est tu si longtemps c'est parce qu'il n'y avait plus rien à dire. Au bout du doigt tendu, je me suis pendue.

1 commentaire:

  1. Mais tous les autres dieux et toutes les déesses
    qui n'ont pas de doigts mais mille bras
    auxquels tu peux te balancer comme un singe étoilé...

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