lundi 13 juillet 2015

L'Ariane sans fil



Une fine pluie froide. Les semelles qui trempent. Les gouttes qui mouillent et les doigts et le mégot.

  • Pierre est arrivé hier.
  • Et alors?
  • Alors les ardeurs se dressent autour d'elle et je n'en parais que plus mou.
  • Qu'est-ce que ça peut foutre? Ariane n'appartient ni aux chiens ni à toi.
  • Elle n'est à personne.
  • Si, à Théo.
  • C'est bien ce que je dis, à personne.

Archie hausse les épaules. Les sentiments, les problèmes existentiels, c'est bien des bavardages d'intellectuels tout ça. De riches oisifs qu'ont bien l'temps de se poser des questions. Est-ce qu'il s'en pose lui? Est-ce qu'il se demande s'il est amoureux de Marie? Il n'a pas de temps pour ça. Conneries. Une femme ça se rencontre et ça s'épouse. Ça lui fait des gosses pour remplir la vie et ça travaille pour nourrir ce qui remplit la vie. Point.


  • Sa sœur est pas mal...Je crois bien qu'elle t'aguiche.
  • Je me fous de sa sœur.
  • Ce serait trop simple...
  • Quoi de plus glorieux finalement aujourd'hui que l'invasion triomphale des cuisses humides d'une femme, nous qui ne conquérons plus rien à la seule force de nos bras? La femme est un territoire comme un autre, l'instinct cherche à l'assaillir quand la mièvrerie de notre siècle nous condamne à simplement la saillir.
  • Tu peux aussi la violer si tu veux l'assaillir...
  • Non, je veux qu'elle m'aime.
  • Comment pourrait-elle aimer un homme sans visage quand Théo les porte tous?

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