vendredi 10 juillet 2015

J'ai bobo là...




Ben disons que le matin pendant les vacances, c'était un vieux carillon qui sonnait, austère,
Et l'odeur du pain trop grillé venait empester mes narines, chez ma grand-mère.
On passait vite aux petites activités de la journée, les mamies gâteaux ça existait pas
Avec elle et sa blouse dégueulasse, c'était aux lapins qu'on enlevait les petits pyjamas.

Elle avait pas de mots tendres parce que dans ces familles les sentiments c'est déplacé
Moi j'ai fait des études et c'est pour une pauvre illuminée que je passais.
Mon grand-père il mettait du papier journal sous son manteau pour aller à l'usine sur sa mob
Alors raconter des histoires aux gosses et bénéficier des vacances c'était pas sérieux comme job.

Mon père il a appris une chorégraphie à la chaîne qu'il maîtrise à fond depuis trente ans
Et ma mère elle lavera des culs différents de vieux crasseux encore longtemps.
Je ne sais pas si croire encore qu'un jour j's'rai une princesse est de la connerie
Ou si dans ma tour HLM ma belle couronne en or c'est rien que de la tromperie

La blondeur des blés, les grands yeux bleus, le cœur au bord des lèvres comme on dit
Merde j'avais tout! C'est quand qu'il vient alors le prince illuminer ma vie?
Alors j'ai cherché à agrandir le velux de ma chambre face au cimetière
De changer un peu d'horizon, de m'ouvrir à la culture qui disait, sortir de ma tanière

Parait que quand on sait penser une chouille on peut rencontrer la beauté et les artistes
Ca tombait bien j'étais pas trop conne et j'aimais moins les mains au cul des garagistes.
Ben quoi vous pensez que je veux faire pleurer dans la ménagère? Je le vois à vos regards!
Au prix d'la chaumière des p'tits bourgeois, chez les pauvres c'est tous les jours Zola, connards!

Moi je rêve d'un prince avec des ambitions Lévyesque, qui arrachera ses cils de poète maudit
Je veux plus jamais bouffer des recettes éco + je veux compter les graines bio pour mon transit
J'veux montrer à mes parents que j'ai réussi en crachant sur tout ce qu'ils m'ont transmis, une peste
Sous couvert de fausse compassion qui gueule bien fort pour qu'on m'admire que j'suis d'milieu modeste

Et ouais maintenant j'ai tout! J'ai la liste complète le kit parfait de la princesse de compèt
Estampillée éducation nationale, lookée à la Paradis, en beau cuir tout doux qu'elle est ma mallette
Mon Rimbaud est là, il gerbe en jet des vers surfaits et m'a convertie à la chose, j'ai du talent même!
Quand je passe devant le miroir je réajuste mon chignon coiffé décoiffé j'suis une bohème.

...

Mais parfois dans les hautes sphères des mondanités, des salons littéraires y a comme une odeur
De breuilles de lapins d'antan qui me rappelle que je suis un imposteur
Un "croive" qui fourche sur mes lèvres à la Beauvoir et mes joues s'enflamment de confusion
J'suis pas une princesse, j'suis pas une pauvresse, j'suis qu'une bobo qui fait illusion.








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