J'avais posé un collet en fil d'étain
juste en contrebas de la rivière. Je le connaissais par coeur
désormais. Le cercle était de dimension parfaite et j'avais pris
soin d'être méticuleuse, précise, vicieuse. Le rythme de ses
journées étant toujours le même, je savais qu'après avoir
déjeuné, il viendrait tâter du tibia les herbes hautes. La
sensation humide de sa pilosité collée lui rappellerait sans doute
le moite poisseux du corps de la petite dans la tourbe de ses
cuisses. Je savais qu'il aimait les détails. Il y était attentif
plus qu'aucun autre.
Glaner les réminiscences de ses
secrets tout le long de sa route était devenu ma principale
occupation. L'ego, attiré par sa propre odeur, a cela de fascinant
qu'il plonge immédiatement. Je le vis progresser, ses longues jambes
comme galvanisées d'une hâte enfantine. Il avait le dos nerveux
lorsqu'il s'agenouillait enfin, les doigts caressant, fascinés, la
boucle du collet. Narcisse se vit beau, paré du collier d'étain.
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