Les
filles paumées ont souvent les jambes arquées.
Quand
le quotidien crasseux ne m'atteignait pas encore, que j'avais l'minou
du ventre gonflé d'amour pour Lui et qu'il m'aimait fort, je
rigolais et je prenais des airs de petite péronnelle devant ces
filles-là.
Elles
avaient toujours la même silhouette, des quilles maigres moulées
dans un jean qui se perdait dans des gros godillots. Leurs bombers
rouge Scholl, semblable à la carapace molle d'une grosse tortue
abattue, suffisait à peine à leur donner du volume et elles
avançaient ainsi, l'échine écarlate, courbées sur les poignées
de la poussette où beuglait une grossesse non désirée.
Sous
la pluie, bravant le vent et les hurlements de bébé Moise, mon
unique mission de la journée consistait à me rendre au Coccimarket
pour aller chercher les gâteaux de Jourrier. Pour sa pause. Et dans
le reflet de la vitre du magasin, j'avais vu la maigre tortue.
Peut-être
bien qu'on fait pas exprès de devenir le cliché dont on se moquait
autrefois.
Pour ma part, c'était devenu un choix. Une nécessité.
De l'orgueil sans doute.
Pour ma part, c'était devenu un choix. Une nécessité.
De l'orgueil sans doute.
Je
crois que j'avais moins de remord à faire crever la beauf arquée
que j'étais devenue qu'à supporter les cris d'agonies de la
princesse que je fus.
En
ce dimanche matin, Jourrier se la pétait avec des lunettes carrées.
Après m'avoir sorti des chapelets de conneries sur l'inutilité et
le non rendement de l'écriture, analysé ma vie passée, celle
d'avant lui, à se marrer de mes idéaux de p'tite bobo discount, il
avait chopé l'un de mes bouquins dans les quelques reliques que
j'avais conservées.
"Mais
pour conclure, je
dis et je maintiens qu'il n'y a pas de meilleur torche-cul qu'un
oison bien duveteux, pourvu qu'on lui tienne la tête entre les
jambes.
Croyez-m'en sur l'honneur, vous ressentez au trou du cul une volupté mirifique, tant à cause de la douceur de ce duvet qu'à cause de la bonne chaleur de l'oison qui se communique facilement du boyau du cul et des autres intestins jusqu'à se transmettre à la région du cœur et à celle du cerveau.
Ne croyez pas que la béatitude des héros et des demi-dieux qui sont aux Champs Elysées tienne à leur asphodèle, à leur ambroisie ou à leur nectar comme disent les vieilles de par ici.
Elle tient, selon mon opinion, à ce qu'ils se torchent le cul avec un oison "
Croyez-m'en sur l'honneur, vous ressentez au trou du cul une volupté mirifique, tant à cause de la douceur de ce duvet qu'à cause de la bonne chaleur de l'oison qui se communique facilement du boyau du cul et des autres intestins jusqu'à se transmettre à la région du cœur et à celle du cerveau.
Ne croyez pas que la béatitude des héros et des demi-dieux qui sont aux Champs Elysées tienne à leur asphodèle, à leur ambroisie ou à leur nectar comme disent les vieilles de par ici.
Elle tient, selon mon opinion, à ce qu'ils se torchent le cul avec un oison "
Il
releva sa vieille tête vers moi, jobard.
- J'ai pas compris la fin mais c'est marrant! On dirait toi, l'oisillon tout doux.
- ...Ah oui...
Je
ne sais pas si ce fut le bruit sec de la mandale que Jourrier
administra sur ma fesse ou l'écho de sa phrase sur l'oisillon qui me
firent péter les plombs mais je partis à trembler de tous mes membres.
La
colère m'étouffait tellement que je sentais la bave aux babines. Le
torche-cul 2.0 c'était moi.
J'en avais torché des ego de mâle
alpha afin que rien ne vienne écailler les vernis des demi-dieux.
J'en avais soupé des beignes aux ventricules, des égorgements à
sec dans le mielleux des je t'aime, des routes de l'abandon sitôt la
fin des vacances. Mais j'en avais plus rien à foutre, j'avais
détruit la fille d'avant, j'avais moi-même déplumé l'oisillon et
bourré ma bouche avec pour me faire fermer mes mièvreries. J'avais
enflé, enflé, j'étais devenue Gargantua et mes amants maudits, mes
amours terribles, mes Jésus charismatiques et mes uppercuts
systématiques pour les plus cons des maîtres à jouir, ben je les
avais bouffés.
Jourrier
ne remonterait jamais les Champs Elysées, il ne réveillerait ni
l'oisillon ni ne voudrait en connaître sur sa croupe la
sensation. Je ne serai plus heureuse. Je ne serai plus jamais heureuse. Et dans un élan désespéré de
reconnaissance et de désespoir, j'attrapai la mèche
footballistique de sa nuque et me jetai avidement sur sa bouche,
lapant au goulot la saveur douce et insipide de ma rédemption.
Plus
jamais l'oisillon.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire